Ce qui caractérise la Diaspora du coeur, c’est sa mémoire. Les veilleurs du Temps, les Mnésiques, ceux qui fondent de tendresse pour la lumière du jour, la profondeur des nuits, dont le coeur bat pour l’Art, dans une intelligence de transmissions intergénérationnelle… ceux qui se souviennent des siècles passés, pour lesquels chaque pierre sculptée est un livre ouvert, une fontaine de jouvence, une source où la pensée s’ébroue comme une pouliche au pré, ceux des langues anciennes, des souvenirs fulgurants qui traversent les millénaires, les pèlerins de la vie, aimants, qui sont bien au-delà des dogmes et des truismes, ceux pour lesquels c’est l’art bordé de savoirs techniques et d’intelligences sensibles - avant même d’être stratégiques - qui relie tout et représente la quintessence de l’intelligence humaine… Les défricheurs de l’ombre, sans orgueil et sans armes, qui pallient les sottises extérieures et devenues banales avec la plus grande humilité qui soit, parce que c’est ainsi, il faut le faire, sinon qui le fera ? Les simples, les doux, les tendres, les bienveillants, ceux des sources et des rêves, qui n’ont de cesse de tendre la main, d’aimer, de protéger, de veiller ce qui les entoure… Ceux dont la porte s’ouvre et qu’on trahit souvent, qui donnent sans compter, aux partages des rires, des joies, des saveurs innombrables de la vie, et parce qu’ils ne savent pas faire autrement ! Ceux pour qui l’animal est l’ami de toujours, un enfant, quel qu’il soit, sacré, et la Terre, un paradis à préserver… Ceux qui parlent aux arbres et croient en l’invisible, pour lesquels l’eau, ce miroir fabuleux des lumières au seuil de toutes vies est plus précieux que l’or… Oui, la Diaspora du coeur, tissée de souvenirs, de mémoires ancestrales, millénaires et profondes, les bienveillants, au respect de la vie !.. 

Mais qui les protège, eux ? 

Il devient urgent de songer à protéger ce qui relie toutes ces consciences éparpillées du vitriol des violences de ce monde de machines, d’injustices et de feux dangereux qui menacent aujourd’hui bien plus que la vie, la mémoire, ce vecteur de patience, de beauté et d’intensités aux ondes soyeuses qui nous relient au monde, au vrai monde, pour vivre, tissés d’émotions et de rêves où joue la lumière, dans un océan de mémoires vivantes entrelacées et sources d’intensités qui transcendent l’inconscience et le mal ! 

In tempore virtus… 

La clef de tout. 

Veillez !

MARIE ALGRANATE 20/07/2022